L’Israël d’aujourd’hui abrite certains des lieux saints les plus vénérés de la religion chrétienne, mais aucun n’est plus important que l’église du Saint-Sépulcre, qui abriterait la tombe de Jésus. Mais ce lieu saint a subi plusieurs siècles de dégradation due à l’eau et à des dommages structurels.

En octobre 2016, les scientifiques ont finalement commencé une rénovation du tombeau, un événement attendu depuis longtemps. Mais au moment de retirer une dalle de marbre pour la première fois depuis des centaines et des centaines d’années, les spécialistes allaient faire une découverte encore jamais vue auparavant.

Un certain Jésus
Le tombeau de l’église serait le lieu de sépulture d’un Juif connu sous le nom de Jésus de Nazareth, qui, selon les récits du Nouveau Testament, a été crucifié à Jérusalem en l’an 30 ou 33. L’homme charismatique a diffusé ses enseignements auprès des foules, trouvant des disciples parmi les juifs et d’autres nations.

Il fut finalement condamné à mort par crucifixion pour avoir « pratiqué la sorcellerie, (…) séduit et égaré Israël » par le préfet de Judée. De nouvelles datations situent la construction initiale du complexe funéraire actuel à l’époque de Constantin, le premier empereur chrétien de Rome.

Le tombeau le plus important du Christianisme
Selon le récit relatant sa mort dans le Nouveau Testament, le tombeau de Jésus a été construit près du lieu de sa crucifixion. La structure était censée renfermer à la fois son corps et la croix sur laquelle il était mort. Si l’emplacement exact de la sépulture n’a jamais été prouvé par des fouilles archéologiques, les historiens sont certains d’une chose concernant l’actuelle église du Saint-Sépulcre.

La première église du site a été construite par l’empereur romain Constantin le Grand vers 326 de notre ère, et devait abriter sa propre sépulture. En fait, au départ, la mère de Constantin, Hélène, avait été envoyée pour trouver l’emplacement exact de la tombe de Jésus, trois siècles auparavant. Avec l’aide d’un évêque nommé Eusèbe, elle pensait avoir trouvé le lieu sacré.

Ériger le lieu sacré
Lorsque les représentants de Constantin sont arrivés à Jérusalem vers 325 pour localiser la tombe du messie des Chrétiens, les locaux leur auraient indiqué un temple romain construit quelques 200 années auparavant.

Le temple romain fut rasé et les fouilles menées en dessous révélèrent une tombe taillée dans une grotte calcaire. Considéré comme le tombeau de Jésus Christ, Constantin décida de faire raser le sommet de la grotte pour exposer l’intérieur de la tombe, et de faire construire l’édicule autour.

Les premières rénovations
Depuis le site de l’église établie par la mère de l’empereur Constantin, l’église du Saint-Sépulcre a connu plusieurs phases, grandement favorisées par les siècles de croisades. Le clocher de l’église s’étant effondré en 1545, les frères franciscains procédèrent à leur propre rénovation de l’église longtemps négligée. Ils se chargèrent notamment de l’un des premiers nettoyages de l’édicule, le sanctuaire abritant la tombe de Jésus.

Les moines franciscains scellèrent ensuite la sépulture en 1555. Afin de préserver le site et d’empêcher les pèlerins impatients de toucher la roche où le corps de Jésus repose, les moines installèrent une dalle de marbre sur la sépulture en calcaire. Pendant des siècles, celle-ci était restée intacte. Mais les archéologues souhaitaient depuis longtemps fouiller dans la sépulture pour voir s’il existait des preuves archéologiques de la présence du corps de Jésus à cet endroit.

Une longue attente
Une restauration moderne de l’église du Saint-Sépulcre était attendue depuis plusieurs siècles. Mais il était évidemment difficile de mettre en œuvre des changements dans le plus important des lieux saints chrétiens. Une partie de la difficulté était liée au fait que trois grandes confessions chrétiennes, la catholique romaine, l’apostolique arménienne et l’orthodoxe grecque, se partagent la garde de l’église – et elles ne sont pas toujours d’accord entre elles.

Par exemple, un débat dure depuis deux siècles et demi pour savoir s’il faut ou non enlever une échelle en cèdre du Liban qui se trouve au-dessus de l’entrée de l’église. Cet objet, affectueusement surnommé « l’échelle inamovible », est toujours là aujourd’hui. Divergences mises à part, les prêtres décidèrent finalement qu’il était temps de donner un coup de jeune à l’église. Ils étaient loin d’imaginer ce dont ils allaient être témoins.

Planification de la rénovation et des fouilles
En 1947, sous le régime colonial britannique, des échafaudages en fer furent placés autour de l’édicule de style ottoman pour l’empêcher de s’effondrer sur le sol. Puis, en 2016, un projet pour aider à préserver ce site sacré abritant le tombeau de Jésus vit le jour. Menée par une équipe de scientifiques de l’université d’Athènes, cette restauration comprendrait également une fouille archéologique du tombeau. Avec un peu de chance, elles pourraient révéler son contenu le plus intime.

Le domaine en plein essor de l’archéologie biblique vise à révéler la vérité historique (ou, à l’inverse, à la réfuter) concernant des événements et des lieux décrits dans la Bible. C’était exactement le but des fouilles de 2016. La technologie moderne allait permettre un accès sans précédent à des informations qui avaient fasciné les passionnés de la Bible pendant des dizaines d’années. La principale question à laquelle les scientifiques cherchaient à répondre était la suivante : le tombeau actuel de l’église du Saint-Sépulcre était-il vraiment le lieu de repos final de Jésus ?

L’absence de preuves
Des siècles de guerres et de catastrophes naturelles avaient rendu les scientifiques très sceptiques quant au fait que l’édicule abritait réellement le tombeau de Jésus. Quelques décennies après sa mort, Jérusalem avait été complètement détruite, rasée en 70 de notre ère lors de la première guerre judéo-romaine. Pour compliquer encore les choses, malgré le récit écrit, les scientifiques ne retrouvèrent des preuves physiques que de deux crucifixions réalisées par les Romains à l’époque de Jésus (l’une fut retrouvée près de Jérusalem en 1968, l’autre en Italie, en 2018).

En outre, l’histoire connue de l’église rendait peu probable le fait que la sépulture soit restée au même endroit. Après tout, elle avait été détruite ou altérée par des siècles de conquérants successifs. Désormais, le plan consistait à éliminer les moisissures et les dégâts causés par l’eau, à renforcer l’extérieur de l’édicule qui commençait à s’effriter, et enfin à fouiller la tombe de Jésus. Des fouilles plus modernes autour du site leur donnaient l’espoir de pouvoir trouver quelque chose d’énorme.

Une découverte antérieure
Grâce aux fouilles menées dans l’église au cours des années 1970, les chercheurs avaient pu déterminer que la structure du Saint-Sépulcre avait été construite de manière à dissimuler la religion dominante qui avait précédé le christianisme. Le site qu’Hélène et Eusèbe avaient déclaré être la tombe de Jésus avait d’abord été un temple dédié aux dieux romains Jupiter ou Vénus, construit par l’empereur Hadrien, des siècles avant le règne de Constantin.

Le responsable des fouilles dans les années 70, un prêtre franciscain et archéologue du nom de Virgilio Canio Corbo, avait supposé que l’enceinte de l’église devait se trouver à peu près au même endroit qu’à l’époque d’Hadrien. Cela signifie que l’emplacement de l’édicule n’aurait pas changé depuis le IIe siècle de notre ère. Bien que l’hypothèse de Corbo ait été contestée, de nouvelles preuves ont fait surface pour étayer l’affirmation selon laquelle il s’agissait bien de l’emplacement de la tombe de Jésus.

Au-delà des murs de la ville ?
D’autres fouilles entreprises au cours du XXe siècle ont révélé des découvertes révolutionnaires dans l’église du Saint-Sépulcre. Il s’agissait notamment de plusieurs tombes rupestres et d’une ancienne carrière de calcaire qui serait les vestiges de la première église de Constantin en 326, une description qui corrobore celle donnée par la Bible. Ces découvertes apportent un éclairage important sur l’emplacement actuellement estimé de la tombe de Jésus.

Une autre question clé est de savoir si l’emplacement actuel se serait trouvé ou non à l’intérieur des murs de Jérusalem à l’époque de la mort de Jésus. La Bible nous dit qu’il a été enterré à l’extérieur des murs de la ville, or l’église et la tombe actuelles se trouvent à l’intérieur des murs de la vieille ville de Jérusalem. Mais d’autres découvertes ont prouvé que l’église se serait trouvée à l’extérieur de la ville pendant la période qui a immédiatement suivi la mort de Jésus, et que les murs auraient été étendus par la suite. Jusque-là, beaucoup d’éléments coïncidaient.

Obtenir le feu vert
Les découvertes récentes faites à l’intérieur et autour de l’église avaient été prises en compte lorsque les moines du Saint-Sépulcre décidèrent d’autoriser l’équipe d’Athènes à commencer les travaux de restauration. L’approbation fut donnée après que l’équipe eut assuré que la structure existante ne serait pas modifiée. Les travaux purent donc commencer et, avec eux, l’occasion unique de voir l’intérieur du tombeau de Jésus.

Il fallut dix mois à l’équipe pour achever les restaurations de l’extérieur de l’édicule. Avec un soin méticuleux, ils retirèrent à la main les moisissures et les dégâts causés par l’eau, et insérèrent également des vis modernes pour renforcer les murs et les fondations. Cela permettrait de garantir la solidité de la structure pour au moins plusieurs siècles supplémentaires. Mais l’équipe de chercheurs avait gardé la meilleure partie du projet pour la fin.

Ouverture de la chambre funéraire
Vous vous souvenez de la plaque de marbre que les moines franciscains avaient posée sur la chambre funéraire pour éviter qu’elle ne soit exposée à des millions de pèlerins ? Eh bien, l’équipe était sur le point de la déplacer pour la première fois depuis qu’elle avait été placée là au milieu du XVIe siècle. C’était un moment de découverte que les scientifiques – et les moines – attendaient avec impatience depuis toute leur vie.

Les 25 et 26 octobre 2016, l’équipe travailla dans l’église du Saint-Sépulcre pendant soixante heures d’affilée pour retirer la dalle de marbre, en faisant très attention de n’endommager aucune partie de la chambre funéraire qu’elle protégeait. Lorsque le marbre fut enfin soulevé, l’équipe découvrit quelque chose à laquelle elle ne s’attendait pas.

Invisible depuis des siècles
Sous le marbre se trouvaient plusieurs couches de saleté et de débris qui s’étaient accumulées pendant des milliers d’années. C’était la première fois, et très probablement la dernière, que des humains posaient les yeux sur la partie la plus profonde de la chambre funéraire. Après des heures passées à creuser, à passer au crible les vestiges et à enlever les débris, ils firent une nouvelle découverte choquante.

Les scientifiques étaient loin de se douter qu’une autre plaque de marbre se trouvait en-dessous de celle posée par les moines franciscains en 1555. Ce fut une surprise totale. Alors que la première couche de marbre était d’un blanc laiteux absolu, la seconde était grise, signe de son âge extraordinaire. Sur la surface du marbre gris, l’équipe repéra quelque chose de tout simplement incroyable. Une croix majestueusement inscrite était gravée au centre de la pierre !

Qu’est-ce que cela signifie ?
Cette deuxième dalle de marbre, longtemps cachée, était un tel mystère qu’elle plongea les historiens dans une frénésie de recherche de réponses. Certains supposèrent que la croix avait été placée là à l’époque des croisades, marque durable de l’une de leurs conquêtes de la ville sainte. D’autres pensèrent qu’une fissure à sa surface pourrait être le résultat d’une attaque de conquérants arabes avant même les Croisades, vers 1009.

D’autres encore suggérèrent qu’elle pourrait être encore plus ancienne. Malgré la myriade de théories, l’équipe était d’accord sur un point. Le marbre récemment découvert devait être au moins aussi vieux que les murs qui l’entouraient, ce qui le rendait, au minimum, vieux de cinq cents ans. Mais y avait-il un moyen de vérifier son âge ?

Contre la montre
La date réelle de la tombe nouvellement explorée ne pouvait être trouvée qu’après une longue analyse scientifique. En seulement deux jours de travail, l’équipe rassembla autant d’échantillons de roche que possible dans les profondeurs de la chambre funéraire. Les échantillons furent ensuite envoyés à un laboratoire pour être datés. Il leur faudra un an avant de donner des résultats.

Un archéologue, Martin Biddle, réalisa une étude inédite sur la zone de l’église entourant l’édicule. Il utilisa l’imagerie thermique et des mini-caméras robotisées pour construire des modèles virtuels de sanctuaires qui auraient pu être construits au-dessus de la tombe. D’après ses recherches, il put estimer qu’il était possible que l’emplacement actuel soit resté inchangé depuis l’époque de Constantin. Mais cela restait à prouver.

Les résultats du laboratoire
L’équipe de fouilles de 2016 avait utilisé un procédé appelé luminescence stimulée optiquement (OSL) pour déterminer à quel moment les matériaux recueillis avaient été exposés à la lumière pour la dernière fois. Cela permettrait d’obtenir les preuves scientifiques de la date exacte de la chambre. Après presque un an, les résultats tombèrent.

Malgré les preuves antérieures liant la chambre à la période des Romains avant qu’ils ne deviennent chrétiens, les tests plus récents prouvèrent que la dalle funéraire et le couvercle caché avaient été exposés pour la dernière fois au cours du quatrième siècle. C’est la même période que celle où la première église du Saint-Sépulcre avait été construite par Constantin !

Une découverte qui fait réagir
Évidemment, la communauté scientifique accueillit avec énormément d’enthousiasme cette nouvelle découverte sur le monument sacré d’Israël. Même s’ils voulaient en savoir bien plus, découvrir cette pierre datant de l’époque de Constantin permettait d’entretenir la conviction que le lieu n’avait pas encore révélé tous ses secrets.

« De toute évidence, cette date correspond parfaitement à ce que Constantin a fait, a déclaré l’archéologue Martin Biddle, qui a publié une étude fondamentale sur l’histoire de la tombe en 1999. C’est particulièrement remarquable ».

D’autres preuves
D’autres découvertes permirent de constituer un dossier archéologique convaincant sur tous les mystères de la chambre. L’analyse du mortier prélevé sur le mur sud de la tombe permit de corroborer la datation de la dalle de marbre et du couvercle. Pour l’équipe d’Athènes et les moines qui avaient eu la chance de superviser les travaux, c’était une nouvelle absolument électrisante.

La restauration étant à présent terminée, il est peu probable que les dalles de marbre et la chambre funéraire soient rouvertes dans un avenir proche. Les résultats des fouilles venaient de révéler de nouveaux faits qui changeraient à jamais la façon dont les gens du monde entier considèrent le site le plus sacré de la chrétienté. Les répercussions se répercutèrent dans le monde entier.

Convertir les non-croyants
Même certains des plus grands détracteurs de l’archéologie concernant l’authenticité du site du tombeau de Jésus changèrent d’avis à la suite des récentes découvertes. Le célèbre archéologue israélien Dan Bahat, qui avait mis en doute la véracité de l’affirmation de Corbo selon laquelle l’église se trouvait à peu près au même endroit que lors de sa construction il y a près de deux mille ans, déclara qu’il n’y avait désormais aucune raison de douter de la véracité du site.

Bien qu’il n’y ait peut-être pas de preuves tangibles que le corps de Jésus ait réellement été enterré directement sous l’édicule existant, « nous n’avons vraiment aucune raison de rejeter l’authenticité du site, a déclaré M. Bahat. Il est certain qu’il n’y a pas d’autres sites qui peuvent prétendre à une revendication presque aussi importante ». Bien que le monde protestant et de nombreux archéologues pensent que le site réel se trouvait à l’extérieur de la vieille ville, à un endroit appelé la tombe du jardin, les résultats des fouilles de 2016 permirent de convaincre plus d’un expert.

Pourquoi cela est-il important ?
Sans aucun doute, les archéologues et les chercheurs de vérité historique continueront à faire des découvertes révolutionnaires qui mettront à jour de nouvelles vérités sur l’histoire physique derrière les histoires de la Bible. Mais pour les vrais croyants, des découvertes comme celle de l’équipe d’Athènes sont sans importance. Un voyage à Jérusalem est une preuve suffisante.

En découvrant la ville pour la première fois, il est difficile de ne pas être submergé par les questions historiques. Une fois dans la vieille ville, les visiteurs verront d’innombrables pèlerins se réjouir, pleurer, bénir leurs enfants et vivre leur propre forme d’épiphanie religieuse. Pour eux, l’authenticité des sites est inébranlable et les réponses qu’ils cherchent se trouvent tout simplement dans leur foi.